Goma (RD Congo), 21 janvier 2022.
Nous les 35 organisations signataires demandent instamment aux autorités congolaises de libérer les 13 défenseur·e·s des droits humains (DDH) de la LUCHA, détenu·e·s arbitrairement dans la ville de Beni après avoir organisé une manifestation pacifique dénonçant les tueries de civils dans cette partie de la Province du Nord-Kivu. Ces 13 DDH restent privé·e·s de leurs droits et libertés depuis deux mois alors que le droit de manifester pacifiquement est reconnu et garanti par la constitution de la République démocratique du Congo (RDC) en son article 26.
Les DDH ont été arrêté·e·s et mis·e·s en détention dans la prison de Beni le jeudi 11 novembre 2021, alors qu'ils·elles organisaient une manifestation pacifique pour dénoncer les tueries à répétition et les massacres de civils qui persistent malgré la proclamation de l'état de siège dans la Province du Nord-Kivu et dans la Province de l’Ituri. Les 13 DDH de la LUCHA seront une nouvelle fois devant le juge (tribunal militaire de garnison) le vendredi 21 janvier 2022.
Poursuivi·e·s devant le Tribunal Militaire Garnison de Beni sous le RP 2136 pour insurrection, incitation à la révolte et désobéissance aux lois, faits prévus et punis par l’article 137 du code pénal militaire, les DDH étaient présenté·e·s devant le juge le 7 janvier 2022. Après leur identification, le Tribunal avait remis la cause à l'audience du vendredi 21 janvier 2022 pour le début de l'instruction.
Si les charges retenues contre ces activistes sont confirmées, ces DDH encourent des peines graves, à savoir entre cinq et vingt ans de servitude pénale, ou pire l’emprisonnement à perpétuité.
En raison de leurs mauvaises conditions de détention, l’état de santé d’une des DDH s’est gravement détérioré. La DDH a été admise dans une structure médicale locale, mais son état reste alarmant et nécessite des soins médicaux adéquats.
Les organisations signataires ci-dessous expriment leur profonde préoccupation face à l'augmentation des menaces, d'intimidations et d'arrestations arbitraires des défenseur·e·s des droits humains et artistes dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, sous état de siège depuis mai 2021. Ces pratiques constituent des graves violations des droits humains et ne riment pas avec l'État de droit prôné par le Gouvernement Congolais.
Depuis l'instauration de l'état de siège, plus de 21 militant·e·s de la LUCHA ont été arrêté·e·s. Deux sont en liberté provisoire tandis qu'un autre, craignant pour sa sécurité, a été contraint à vivre dans la clandestinité. De janvier à novembre 2021, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a documenté 6.469 violations des droits humains sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo.
Les organisations signataires condamnent fermement la restriction de l'espace civique dans les provinces sous état de siège et encouragent les autorités congolaises, à tous les niveaux, à écouter attentivement les appels de détresse des activistes de la société civile et des citoyens.