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Goma/Nairobi/Bruxelles [13 avril 2021]—Protection International et 33 organisations des droits humains s’inquiètent profondément de la détérioration rapide de la situation de protection des défenseur·e·s des droits humains et des civil·e·s à l’Est de la RD Congo.
Six personnes tuée, une dizaine de blessé·e·s et une vague d’interpellations seraient, selon la société civile au Nord-Kivu, le bilan des manifestations qui ont eu lieu le 13 avril à Beni, à Butembo et à Goma dans la Province du Nord-Kivu. Ces manifestations ont dégénéré dans la partie nord de la ville de Goma, où des violences sanglantes entre des jeunes de différentes communautés se sont produites.
Les mouvements citoyens pro-démocratie ont été réprimés violemment par des forces de sécurité congolaise depuis le 6 avril 2021, alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour demander le départ de la Mission des Nations Unies pour le maintien de la paix en RDC (MONUSCO), accusée de rester passive face aux massacres perpétrés contre la population dans le Territoire de Beni (Nord-Kivu) et dans la Province voisine de l’Ituri. En plus, ils appelaient la population des entités affectées à la désobéissance fiscale jusqu’au retour effectif de la paix.
Les organisations signataires déplorent l’usage excessif de la force par les services de sécurité congolaise qui, en intervenant pour maintenir l’ordre, ont violemment réprimé les activistes pro-démocratie qui ne faisaient qu’exprimer leur droit constitutionnel.
Tout en reconnaissant aux activistes leur droit de manifester, nous déplorons aussi le comportement de certains manifestant·e·s qui se sont en pris aux biens privés et publics et nous les invitons à manifester d’une manière pacifique et non violente, en s’abstenant de tout acte de violence et d’attaque contre les forces de sécurité congolaise, les agences onusiennes et les convois humanitaires.
Nous condamnons les incidents survenus et les attaques contre les installations des missions onusiennes et appelons les autorités congolaises à diligenter urgemment une enquête transparente et sérieuse afin d’établir les responsabilités, poursuivre et sanctionner les présumés responsables de cette répression.
Nous saluons la libération d’une dizaine d’activistes qui avaient été interpellés lors de ces manifestations et demandons la libération immédiate et sans condition de neuf autres qui restent toujours en détention à Beni.
Les arrestations arbitraires et les cas de torture des manifestants pacifiques et non violents constituent des violations des droits humains et des lois ainsi que la constitution de la RD Congo. Nous demandons aux autorités Congolaises et à la communauté internationale de fournir plus d’efforts pour protéger les défenseur·e·s des droits humains et la population contre les exactions des groupes armés dans la partie est de la RD Congo.
Nous faisons également appel à tout acteur étatique et non étatique pour qu’il cesse immédiatement de menacer et poursuivre les militant·e·s et les activistes des mouvements citoyens et d’autres membres de la société civile congolaise à l’est du pays, et demandons aux services de sécurité congolais d’encadrer les manifestant·e·s dans le respect des lois.
D’après la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui a effectué récemment une mission dans la région, près de 6 000 personnes ont été tuées dans la région de Beni au Nord-Kivu depuis 2013.