I. A propos de Protection International
Protection International (PI) a vu ses débuts en 1998 sous le nom de PBI European Office. Ce bureau est devenu PI en 2007. Les équipes se sont attachées à proposer un accompagnement sur le long terme aux défenseur·e·s des droits humains (DDH) en danger. L’objectif est de donner aux DDH les moyens d’assurer leur propre sécurité, plutôt que d’encourager le recours à des acteurs extérieurs et à des interventions d’urgence.
PI aspire à un monde dans lequel tous et toutes ont le droit de défendre leurs droits et libertés sans crainte de menaces ou attaques. Chez PI, le pouvoir d’agir des défenseur·e·s est fortement exploité afin de les amener à gérer leur propre protection d’une manière effective, de permettre à ceux et celles qui les protègent de répondre à leurs obligations et de convaincre d’autres acteurs clé de se joindre à notre cause.
L’approche de la protection préventive des défenseur·e·s vise à développer une compréhension complète et inclusive de la sécurité, et met au cœur du travail la protection collective ainsi que l’accompagnement à long terme. Parmi les activités, PI se focalise sur la sécurité physique et digitale, mais inclut également des aspects de résilience communautaire et la protection des espaces de travail des DDH. PI soutient la création ainsi que le renforcement de réseaux de protection comme un élément clé contre l’isolement.
PI offre un support à de nombreuses communautés de défenseur·e·s, y compris les groupes de jeunes, les leaders de la justice sociale, les femmes défenseures, les avocats en droits humains, les journalistes, les activistes environnementaux et les minorités ethniques, entre autres.
Le terrain est au centre de toute activité de PI et, pour cette raison, nous travaillons du local vers l’international à travers une approche ascendante. Via les hubs régionaux, PI travaille avec des partenaires locaux atour du monde. En République démocratique du Congo (RDC), le bureau de PI est établi à Goma au Nord-Kivu avec une présence à Bukavu au Sud-Kivu.
II. Contexte général du projet
ONU FEMMES vient appuyer les activités de PIet SOFEPADI à travers le projet intitulé « Protéger et Sécuriser les Femmes et les Filles pour une Participation Efficace au Processus de Paix et Promotion des Droits Humains en RDC ».
Ce projet est exécuté dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri et met l’accent sur la protection des femmes et filles qui interviennent dans la promotion et la consolidation de la paix dans leurs communautés afin de leur permettre d’œuvrer dans un environnement sécurisé lors de la mise en œuvre des différentes activités sur terrain.
Le projet vise à apporter une contribution substantielle à travers des séances de renforcement des capacités sur des thématiques bien définies pour protéger et sécuriser les femmes et jeunes filles afin de consolider davantage les actions de la paix pour une cohabitation sociale et apporter des réponses aux questions de sécurité des survivantes des différentes violences au sein de la communauté.
Depuis la proclamation de l’État de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri il y a trois ans (le 6 mai 2021), la situation sécuritaire reste volatile. Plusieurs incursions des groupes rebelles soutenus par des armées étrangères ont été rapportées dans les territoires de Beni, Masisi, Rutshuru, Lubero au Nord-Kivu et dans les territoires de Komanda et Djungu en Ituri. Ces attaques perpétrées contre des civils par des groupes armés se sont poursuivies dans les deux provinces en proie aux conflits depuis les années 90. A cela s’ajoutent des affrontements entre le M23 et les FARDC dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Lubero et Masisi, qui ont occasionné des déplacements massifs de milliers de personnes dans les camps de déplacés internes aux alentours de la ville de Goma. Face à ces multiples menaces, les femmes et jeunes filles sont devenues de plus en plus vulnérables.
PI souhaite s’investir pour mettre en place des stratégies comprenant le développement des compétences et les connaissances nécessaires pour instaurer des protocoles de sécurité adaptés à chaque situation au niveau communautaire pour la réduction des vulnérabilités des femmes et filles travaillant pour la paix face aux multiples formes de violences et menaces (violences sexuelles, violences verbales, violences physiques, violences économiques, violences professionnelles, violences patrimoniales, harcèlement, intimidation, arrestation arbitraire, criminalisation, etc).
Les femmes et filles DDH travaillent dans un environnement de conflits armés et hostile lié à l’insécurité généralisée et permanente dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, d’où la nécessité de faire une évaluation approfondie.
PI lance un appel afin de recruter un·e consultant·e ayant l’expertise nécessaire pour mener une étude de base sur les menaces de sécurité auxquelles sont confrontées les femmes et les filles, ainsi que d’autres prestataires engagées dans la promotion de la paix dans les provinces ciblées en RDC.
III. Objectifs de la consultance
PI met l’accent, entre autres, sur le renforcement des capacités de ces femmes et filles travaillant pour la paix, la nécessité de réseautage entre les défenseures et la réduction des vulnérabilités face aux menaces communautaires auxquelles elles font face. Cette dynamique vise à assurer aux FDDH de meilleures conditions de travail.
Ces dernières sont engagées dans la lutte contre les violations des droits humains en général et, de manière spécifique, dans la lutte contre les violences basées sur le genre, dont les violences sexuelles.
Cet engagement les expose à des risques au sein de la communauté. Il est donc important de faire une étude approfondie sur les menaces et les défis rencontrés sur terrain, afin de nous permettre ensuite de mieux préparer les renforcements des capacités à venir dans ces deux provinces.
L’étude de base vise à examiner la pertinence du soutien et des réponses apportées par différents acteurs et partenaires par rapport aux besoins de protection exprimés par des femmes et filles DDH travaillant sur la paix.
L’objectif de l’étude de base est de :
- Obtenir aussi bien un mapping qu’un état des lieux:
- De la situation et/ou du contexte sur le terrain des FDDH et jeunes filles dans les deux provinces couvertes par la recherche ;
- Des menaces, violences auxquelles les femmes défenseures et filles travaillant sur la paix sont exposées : établir le degré d’intervention et de vulnérabilité, épingler les expériences du terrain, légitimité et pertinence des ONG de défense de droits humains/DDH et la démocratie ;
- Des sources principales des menaces et violations à l’encontre des femmes et filles défenseures en lien avec le contexte local dans les deux provinces et dans le cadre législatif local et régional existant lié à la protection, mais aussi des pratiques des autorités locales en la matière, y compris les autorités coutumières pertinentes ;
- Identifier et analyser les pratiques de protection/autoprotection existantes, avec un accent particulier sur la lutte contre les violences sexuelles et les menaces auxquelles les femmes et filles sont exposées ;
- Donner un aperçu des besoins de protection exprimés au niveau de la société toute entière, et examiner les défis et opportunités ;
- Identifier les indicateurs permettant de mesurer la prise en compte des menaces dans la prise en charge de cas de protection des femmes et filles.
Pour ce faire, PI recherche un·e consultant·e externe ayant une expertise prouvée dans les études de base. Cet·te expert·e devra :
- Disposer de connaissances avérées dans les domaines de protection et sécurité, droits humains, genre et masculinité positive ;
- Avoir une connaissance solide sur la protection des défenseur·e·s évoluant dans un contexte de risques et de conflits armés ;
- Disposer d’une bonne connaissance du contexte de travail des femmes et filles dans ces deux provinces ;
- Connaitre et maitriser le contexte de travail des défenseur·e·s, la protection communautaire, le processus de la paix, la cohabitation pacifique, la résolution pacifique des conflits ainsi que des coutumes qui ne favorisent pas l’émergence du travail des femmes et jeunes filles.
IV. Méthodologie
La méthodologie d’étude participative a été choisie afin de faciliter la pleine participation des participant·e·s. Une approche participative comprendra une auto-évaluation collective et individuelle par le biais d’enquêtes, de revue documentaire, d’entretiens avec les femmes et filles et les organisations partenaires de PI, d’ateliers et de discussions de groupe. Tout au long de cette étude, le/la consultant·e devra tenir compte des données objectives et des perceptions du personnel quant à la réalisation de la protection des FDDH. PI devra recevoir une présentation préliminaire et un rapport complet sur les résultats.
Deux domaines clés d’analyse :
Les questions de protection des femmes et filles défenseures dans le contexte des organisations de la société civile, et l’expertise existante en matière de protection et sécurité :
- Contexte de travail des femmes et filles travaillant sur la paix, leurs relations avec les autorités politiques et coutumières, questions de genre et le débat actuel sur la protection des femmes et filles défenseures et les initiatives existantes pour faire face à des menaces ;
- Expertise, compétences et initiatives existantes en matière de renforcement des capacités des femmes et filles dans le domaine de la protection en général.
Gestion des connaissances au sein des équipes et perception externe de la protection des femmes et filles défenseures dans l’image publique et l’intervention externe des différentes parties prenantes:
- Gestion interne de l’information et des connaissances sur les questions de protection et des menaces dans les organisations féminines ;
- Les initiatives en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes DDH dans l’analyse des risques, menaces et la mise en place des protocoles de sécurité ;
- Le matériel didactique existant et sa pertinence sur la question du genre et la protection des femmes et filles défenseures face à la menace ;
- Perception des réalisations (mécanismes, pratiques et attitudes qui ont permis d’obtenir des résultats positifs).
V. Produits livrables
Un rapport comprenant :
- But, objectifs et enjeux de l’étude de base ;
- Explication de la méthodologie utilisée et de la portée (et des limites) de l’étude ;
- Présentation détaillée et analyse des résultats (20 pages maximum) ;
- Conclusions claires, en référence aux questions de recherche ;
- Un ensemble complet, cohérent et concrètement applicable de recommandations pouvant faire l’objet de mesures concrètes ;
- Une liste des organisations et personnes interrogées, lieux visités, questionnaire, guide d’entrevue, brefs résumés des ateliers ou entretien ;
- Matériel de diffusion (matériel de présentation, notes d’orientation) ;
- Ressources consultées ;
- Un résumé pouvant être utilisé indépendamment (deux pages maximum) ;
- Suggestions d’indicateurs pouvant mesurer la prise en compte de l’aspect genre (sur la bases des projets existants et à venir) ;
- Analyse et recommandations pour la révision du matériel didactique.
VI. Calendrier et projection des coûts
- Durée totale : un mois
- Date souhaitée de début de l’étude : 15 juillet 2024
- Échéancier : 10 août 2024
- Esquisse : 15 août 2024
- Rapport final d’étude de base : 20 août 2024
- Coût : un montant maximum de 12 500 USD tous frais compris (y compris les frais de déplacement et d’assurance sur la base de coûts réels et raisonnables)
- Frais d’impression du rapport (100 copies couleur)
VII. Qualifications requises
- Expérience solide dans la conduite d’études et audits participatifs sur le genre, la sécurité, la protection et la promotion de la paix ;
- Expérience des ONG nationales ou internationales de défense des droits humains ;
- Bonne connaissance des concepts de protection, genre, paix, menaces et engagement en faveur de l’égalité des chances ;
- Solides compétences en matière de recherches participatives, formation et animation ;
- Maitrise du français et capacité à travailler en anglais (atout) ;
- Compréhension des besoins spécifiques des femmes DDH ;
- Disponibilité pour voyager au Nord-Kivu et en Ituri.
VIII. Processus de demande
Si vous êtes interessé·e, prière d’envoyer une offre jusqu’au 14 juillet 2024 à 18 heures en joignant les informations suivantes : brève explication de la compréhension de l’étude de base et de la méthodologie proposée (max. trois pages), CV, coordonnées de deux références, budget détaillé et calendrier des activités. Merci d’indiquer comme objet du mail « Consultance – étude de base : menaces femmes et filles DDH ».
Les offres soumises seront évaluées sur une base continue.
Pour postuler ou pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter : procurement.gt@protectioninternational.org, rdc-bntazongwa@protectioninternational.org et dbushala@protectioninternational.org.